« Là, en Champagne, sur douze kms de pauvre terre, 2 millions d’hommes ont passé une année à s’entre-tuer. Cinq Villages disparaîtront à tout jamais, il s’agit de Tahure, de Perthes les Hurlus, d’Hurlus, de Mesnil les Hurlus et de Ripont.
En octobre 1915 enfin, après plus de 300 assauts infructueux, les fantassins français enlèvent les tranchées.
Cette offensive d’automne fut un affreux échec malgré le petit gain de terrain qui provoqua un instant des espoirs démesurés." (Louis Guiral, Je les grignote, Champagne 1914-1915)
« Ce matin, nous avons passé la revue du général de brigade, présentation du drapeau, pas de charge, etc…Le colon nous a fait un discours d’imbéciles comme toujours.
Nos sacs sont vides, nous n’avons plus de linge, que seulement : deux mouchoirs, une serviette, mais j’ai mis une paire de chaussettes et tous les mouchoirs. Au moins, si je suis blessé, cela me servira. Nous n’avons plus de veste ni de couvertures, plus rien ! Dans le sac, nous avons deux sacs pour mettre de la terre, la toile de tente et 4 jours de vivre, biscuits, sucre, café, boîte de thon, sardines, singe, potage salé et voilà tout. Nous avons un bidon en plus, une petite bêche, 290 cartouches, 4 grenades, 2 musettes." (George Bearel du 71e RI, le 24 septembre 1915)
"20 heures là-bas, vers les brasiers, des lueurs profondes creusent les ténèbres jusqu’au zénith. D’autres, plus légères, s’envolent d’un bout du monde à l’autre. Voilà trois jours et trois nuits que gronde et roule le tonnerre de nos pièces, trois jours et trois nuits que sans interruption nos canons crachent des éclairs et des éclairs, des obus, des obus, des obus.
Mais les gueules de feu semblent essoufflées. Est-ce à nous maintenant ? Oui, c’est à nous : dans trois heures nous partons.
Les mitrailleuses, les fils de fer seront-ils détruits ? "(Jacques Arnoux, Paroles d’un revenant, 116e RI, 1923)