Vieux-Pont à la Révolution

La révolution de 1789 a été un moment des plus marquants de l’histoire de notre pays. On connaît tous les évènements de cette période courte mais intense, comme la prise de la Bastille, la Terreur ou la mort de Louis XVI.

Dans nos campagnes, elle a eu aussi des conséquences très concrètes qui ont laissé des traces indélébiles sur l’ensemble du territoire, encore visibles aujourd'hui.

Pour preuve certains documents d’époque, contenus dans les archives de notre commune, témoignent bien de l’ambiance qui régnait alors à Vieux-Pont.

Nous en proposons quelques-uns que nous avons déchiffrés pour en rendre la lecture plus aisée :

Les citoyens de Vieux-Pont brûlent les papiers liés à la Baronnie de Vieux-Pont et au Fief de la Viette

Aujourd’hui dix pluviôse première décade, l'an deuxième (29 janvier 1794) de la république et les citoyens de la commune assemblés pour célébrer la fête de la décade, après avoir lu différents décrets, chanté plusieurs hymnes civiques, avec de vifs  applaudissements, de vive la fête de la Raison, oubli aux fanatisme, succès à la République et destruction des tyrans ils ont passé au brûlement des papiers féodaux tous de  la ci-devant baronis  ( ?????) ont trouvé que des pièces de 1500,  1600 et 1726 en partie de ce dernier, que des fiefs de la ci-devant seigneuris de Viette et Vieux Pont, tous lesquels titres et papiers ne nous ont été remis que depuis très peu de tems à l'exception de ceux du ci-devant fief de Viette.

En outre des déclarations et arrêts du département du calvados enfin (????) ont été également brûlés au plus grands cris de joie et de satisfaction et vive la république vive les sans culottes, vive les bons frères qui ont foulé aux pieds ces excécrables papiers tendant au bouleversement de notre république, détention et guiottine au restant  de ces malheureux fédéraliste et royaliste; signé et arrêté ce dit-jour et an que dessus trois mots en interlignes bons et trois mots (????)  bons      Desmaréchaux maire

Laisné officier Nicolas Le (T.........sis)

Archives Calvados : voir page 39 du document

Le maire décide de descendre la cloche de l’église

Décrochage des cloches de Vieux-Pont en Auge à la Révolution

Aujourd’hui 23 nivose de l’an deuxième ( 12 janvier 1794) de la République française une et indivisible nous maire et officiers municipaux de la commune de Vieuxpont assemblés à l’église du dit lieu après les annonces faites par le maire de la ditte commune a demandé que la cloche fut descendue au terme de la loi, à cet effet a requis le citoyen Louis Angée charpentier avec plusieurs autres citoyens de la ditte commune qui ont descendu la ditte cloche pour la rendre au district de Lisieux. Le préposé a signé ce dit jour et vu que (???) Des marechaux maire - Hablin Officier - M Le Clerc officié - A Laisné Officié - Asselin agent national

Archives Calvados : voir page 37 du document

Les citoyens décident du devenir des biens communaux

Au printemps suivant, on se réunit pour définir le mode de partage des terres après la Révolution. Le document, daté du 11 mai 1794 (22 Floréal an 2), témoigne du fait que la commune est connue sous les noms de Vieuxpont et de Franqueville. Il y est fait allusion à une parcelle dénommée cour Franqueville. Une parcelle du même nom existe toujours aujourd’hui. Elle est bordée au sud par le Bois de Vieux-Pont et à l’ouest par le Chemin du Bois.

Aujourd’hui 22 floréal de l’an 2 (11 mai 1794) de la République une et indivisible, la commune de Vieuxpont assemblée au lieu de ses séances ordinaires dûment convoquée par la municipalité aux termes des articles ???? et ?? de la section 3 de la Loy du 10 juin 1793 (viels stille[1]) a l’effet de délibérer sur le mode des partages des biens communaux de cette commune à procéder aux termes de la dite loi à la nomination d’un commissaire.

Le citoyen Jacques Maissière ayant réuni les voix a donné lecture de la dite Loy et a dit que le motif de la convocation est de délibérer sur laplication qu’elle peut avoir sur le partage des dits biens communaux. En conséquence il a été procédé suivant les formes prescrites à la nomination d’un président et d’un greffier, le citoyen Jacques Maissière ayant été nommé président et le citoyen Jean Fleuriot secrétaire greffier il a été proposé par le président les questions suivantes.

La commune connue sous le nom de Vieuxpont et Franqueville et les places vagues connues sous le nom du bôquet, le carfour aux gendres, le godet, le ci-devant fief de Grandval et le ci-devant fief d’Houlbec présenteraient elles à la commune un avantage en les partageant en nature ou ne serait il point plus intéressant pour elle de les vendre ou affermer.

Les particuliers qui se seraient emparés de quelques parties des susdites communes seront-ils tenus de les remettre, ou si elles leur seront laissées à charge par eux de verser à la masse générale l’excédent de la valeur qui serait estimée et comparés par des experts nommés à cet effet, des parts et portions qu’ils auraient droit de prétendre des partages des susdites communes et places vagues.

La commune de Vieuxpont ayant toujours fournit des terres pour fêter les maisons, hourder, faire des planches et des caillous pour racomoder les chemins ne serait elle point d’utilité générale en la conservant dans l’état où elle est.
Les voix réunies par oui et par non sur quatre vingt onze votants cinquante sept ont demandé le partage de la commune ditte de Franqueville ainsi que de toutes les places vagues situées sur la susditte commune observant que la partie usurpée par le cy devant seigneur attenante et réunies à la cour nommée Franqueville, et ayant fait partie de la susdite commune de Franqueville rentrera dans les dits partages ce qui a été arrêté.

Il a été également arrêté à l’unanimité des voix que la commune dite de Vieuxpont serait conservée dans l’état où elle est

[1]Vieux style, fait référence au calendrier pré-révolutionnaire

pour en jouir en commun, que chaque citoyen aurait la faculté de prendre des terres pour fêter les maisons, hourder, faire des planchers et tirer des cailloux pour racomoder les chemins. En observant qu’il ne sera fait aucun trous sur les bords des chemins ordinaires qui seront conservés qu’en cinq pieds des dits bords. Qu’aucuns ne pourront emporter des dittes terres et cailloux hors l’étendue de la commune de Vieuxpont, ny en employer pour l’amélioration de leurs fonds, sous peine d’être poursuivis par les voyes de droit.

Fait et arrêté double au dit lieu le dit jour et an, dont l’un sera déposé aux archives de cette commune, et l’autre à celles du district et a été signé par les délibérants au nombre de quarante quatre après lecture à eux faite le surplus ayant déclaré ne savoir signer.

signé Jacques Maissière président et Jean Fleuriot greffier – Desmaréchaux maire
A Laisné officier – Asselin agent national

Archives du Calvados : pages 50 et 51